L’Institut national du portage des enfants (INPE) a débuté son histoire en 2018, tricotée serrée avec mon école de formation professionnelle. J’ai cofondé l’INPE en 2018 à la demande, avec et pour la communauté de monitrices de portage que j’avais formées.
Alors que les mailles se relâchent peu à peu depuis mon départ comme directrice de l’INPE en 2022, chaque organisation consolide sa mission et son propre rôle.
À ce point-ci, il est encore normal que les membres de l’un et les élèves de l’autre se demandent :
L’INPE et l’École Porter la Vie, quelle est la différence?
L’INPE est un organisme communautaire à portée provinciale.
Sa mission:
Promouvoir les pratiques du peau à peau et du portage d’enfant, les rendre plus accessibles à toutes les familles, soutenir le développement d’un large réseau de personnes-ressources compétentes pour transmettre ces pratiques de manière sécuritaire à travers le Québec ainsi que d’encourager la recherche à ce niveau.
L’École Porter la Vie est une école de formation professionnelle
Officiellement reconnue comme établissement d’enseignement depuis 2022, elle a d’abord débuté sous forme de projet à but non lucratif en 2007 ne portant alors que le nom de Porter la Vie.
Le premier logo de Porter la Vie
Sa mission :
Transmettre l’art du portage des enfants en formant les conseillères·iers en peau à peau, les conseillères·iers et monitrices·teurs de portage du Québec, de la francophonie canadienne et internationale.
Un peu d’historique pour mieux comprendre les fondements de la collaboration de l’École Porter la Vie et de l’INPE
Les débuts communautaires et volontaires de l’INPE : conviction, foi, passion et 0$
Le 16 juin 2018, Drummondville, l’expérience communautaire de l’INPE débute en fusionnant la mission de formation et celle de promotion collaborative. Porter la Vie se fond dans cette nouvelle structure. Je suis alors présidente et je mise tout sur le développement de l’INPE. Le site web de Porter la Vie, sa page et son groupe Facebook sont délaissés.
L’équipe du premier conseil d’administration (CA) débute armée de sa conviction profonde que la communauté québécoise a besoin d’accompagnement au portage. Nous sommes appuyés par une communauté de femmes passionnées, de beaucoup d’espoir, de l’aide d’un programmeur web, mais de moyens financiers limités aux adhésions de nos membres. Les groupes de formation ne sont pas encore assez remplis ni nombreux pour assurer un seuil de rentabilité.
Crédit hoto-Eric-Beaupre-Ving55
Nous réalisons notre premier programme d’accessibilité au portage pour 30 familles en situation de vulnérabilité à Drummondville, Accès portage Desjardins.
Nous réalisons les premières vidéos d’enseignement du portage et du peau à peau sécuritaire à la maison. Retrouvez-les sur la chaîne Youtube de l’INPE.
Juin 2019, constat du premier anniversaire
J’ai travaillé environ 25 heures/semaine à mettre sur pied l’INPE sans être rémunérée. Ma situation financière familiale ne me permet plus de poursuivre ainsi.
La majorité de la gestion de l’organisme se fait en CA. L’organisation des formations alourdit trop nos rencontres. L’équipe s’épuise et se décourage peu à peu… il y a trop à faire sur trop de plans différents et de manière bénévole de surcroît.
Nos administratrices sont engagées et passionnées, mais elles sont aussi jeunes mamans, dans la période la plus prenante de leur vie!
La seule façon qui nous est présentée d’avoir des employés payés par une subvention est Emploi d’été Canada. Après un été à superviser des stagiaires étudiants bénévolement…
Je commence à envisager sérieusement la dissolution de l’organisme.
Aujourd’hui, je peux dire que l’aide qui nous a été offerte pour le démarrage de l’INPE a été défaillante.
Septembre 2019, à la rencontre de CA, l’équipe en place est navrée, mais ignore comment reprendre pied. Nous statuons sur la fermeture de l’organisme.
C’est impossible pour moi de laisser tomber la formation des monitrices.
C’est trop important pour la communauté, à en croire tous les vibrants témoignages que je reçois et les demandes qui augmentent somme toute. La solution que j’entrevois est de reprendre les formations à mon compte et de remettre en branle Porter la Vie.
Décembre 2019, la télé de Radio-Canada contacte l’INPE et diffuse un mini reportage sur l’intérêt de l’atelier de portage offert par une monitrice. Un déclic se fait en moi :
l’INPE ne peut pas se terminer ici.
Maintenant que j’ai repris la gestion de l’école de portage de mon côté, que nous coûte-t-il vraiment de maintenir encore un peu l’organisme, de lui donner une deuxième chance?
Janvier 2020, nous en arrivons avec une entente de partenariat entre l’INPE et Porter la Vie. Je demeure à la tête de l’INPE et de Porter la Vie que je gère désormais de manière séparée.
- L’INPE s’occupe de la gestion de la vie associative de notre communauté, poursuit sa recherche de financement pour sa mission de promotion des pratiques du peau à peau et du portage.
- Porter la vie reprend sa mission éducative, organise et poursuit l’amélioration des formations professionnelles et du matériel pédagogique associé. Porter la Vie continue d’inclure l’adhésion à l’INPE dans le processus d’inscription à ses formations.
- De son côté, l’INPE continuera d’informer ses membres des prochaines formations professionnelles en portage données par Porter la Vie.
- Dans un premier temps, pour faciliter le travail de chacun et garder la visibilité acquise lors des deux dernières années, nous maintiendrons telle quelle la gestion des inscriptions aux formations de l’École sur le site web de l’INPE.
La séparation de nos missions prend forme… 3 ans plus tard
Que s’est-il donc passé entre cette séparation des rôles en janvier 2020 et la publication du nouveau site web de l’École Porter la Vie en janvier 2023?
En bref, j’ai été si occupée avec toutes les activités inespérées de l’INPE et de l’École que la priorité se trouvait ailleurs que de faciliter une meilleure distinction les deux entreprises.
Les montagnes russes de 2020
- Le nombre de monitrices formées en une année double grâce aux subventions gouvernementales PACME qui permettent à plusieurs organismes communautaires d’avoir enfin les moyens de former des personnes-ressources en portage avec Porter la Vie.
- Je traverse le plus grand bouleversement de ma vie. Après 21 années passées avec le père de mes enfants, survient notre séparation et une réorganisation familiale inattendue.
- L’INPE obtient un financement de 100 000$ par la subvention d’urgence de la Croix-Rouge canadienne pour son programme Accès portage Québec.
Accès Portage Québec
Objectif: soutenir 600 nouvelles familles isolées et privées de leur réseau naturel d’entraide.
Chaque famille reçoit gratuitement un bandeau de peau à peau ou un porte-bébé, plus l’accompagnement individualisé d’une monitrice de portage.
Le déploiement de ce programme, à travers le Québec et en trois mois, mobilisera la majorité des monitrices indépendantes de la province et 65 organismes famille répartis dans les 17 régions administratives de la province.
Où s’est donc enfuie l’année 2021?
Création du programme Accès portage en ligne
Tournage, montage de capsules vidéo et structuration d’une plateforme en ligne pour que perdure le programme Accès Portage.
Nous créons à l’INPE cette variation afin de rejoindre tous ces nouveaux parents plus isolés qu’avant et maintenant habitués à se tourner vers internet pour trouver réponse à leurs besoins.
Lancement du Petit manuel du portage
Je termine la rédaction et réalisation du tout premier guide pratique francophone d’introduction au portage qui est publié par l’INPE en juin 2021.
Une pause bien méritée
Cet été-là, j’ai pris ma première vraie pause de l’INPE depuis 2018. C’était nécessaire pour réaliser, accepter et me stabiliser dans ce grand changement de vie personnelle, ainsi que pour refaire mes forces.
Maladie et décès
Une chance que j’ai pris ce temps pour moi, car l’automne sera rocambolesque et profondément triste avec le diagnostic de cancer en phase terminale pour mon père, le décès inattendu de mon beau-frère, puis le rapide décès de mon père alors que je suis clouée au lit par la covid et confinée.
Ouf…
2022: affirmation et stabilisation de l’école
Lancement d’Accès portage en ligne
Ma période de deuil s’entremêle avec la préparation du lancement d’Accès Portage en ligne en mars 2022.
Changement de rôle à l’INPE
Après la préparation de l’AGA et de la formation continue, j’annonce ma démission comme directrice afin de mieux me consacrer à la mission de l’École Porter la Vie. J’y demeure tout de même active comme administratrice impliquée dans plusieurs comités.
Établissement d’enseignement reconnu
C’est en 2022 que le nom École s’ajoute à « Porter la Vie ». C’est le constat incontournable de cette année-là : nous sommes une école. Nous sommes une équipe totalisant six formatrices de portage à travers la province.
Comme nous répondons aux critères d’une école de formation professionnelle, je fais les démarches de reconnaissance d’établissement d’enseignement au niveau gouvernemental. Cela permettra aux étudiantes de bénéficier d’une exemption de taxes sur leur formation et leur matériel obligatoire en plus d’obtenir un crédit d’impôt pour frais de scolarité.
Je fais rafraîchir les personnages du logo de l’École en les humanisant davantage et je publie une première page de mon nouveau site web.
Ancien logo
Un doux sentiment de fierté
Je termine cette exploration de mon emploi du temps des dernières années avec un sentiment d’incrédulité. Cet exercice a ravivé tant de souvenirs, mais surtout un doux sentiment de fierté.
Oui, je suis très fière de ce qui a été accompli malgré le parcours rocambolesque et tous les manques que j’ai également bien cernés à travers cette rétrospection. Nous avons tous appris énormément. Nous avons fait beaucoup à l’INPE avec si peu, et au travers de nos vies de famille et péripéties respectives!
Remerciements
Un merci particulier à ces femmes piliers de l’INPE, bien engagées, elles ont offert tellement de leur temps précieux à l’organisme : Geneviève Calvé, Chantal Piché-Cadotte, Gabrielle Gauvin.
Merci à toutes les administratrices et l’administrateur de l’INPE depuis ses débuts.
Une pensée de reconnaissance également à Cécile Fehr qui m’a demandé de mettre sur pied cet organisme de collaboration et à Marou Herrera dont je me souviendrai toujours comme l’ange qui est venue me prêter main forte au moment où j’aurais pu tout abandonner.
Merci à toutes ces personnes que je n’ai pas nommées, mais qui ont contribué, chacune en leur temps, au succès de cet organisme.
